Croisière sur le Trollfjord    

Lundi 17 juin.

Nous rangeons rapidement nos affaires avant de partir pour la croisière sur le Trollfjord car cela devrait nous occuper toute la matinée. Trop rapidement d’ailleurs car nous nous apercevrons plus tard que nous y avons laissé des choses … notamment une bière ! Néanmoins, nous gardons les clés du rorbu pour pouvoir revenir déjeuner en rentrant (Je vous dis tout cela simplement pour utiliser le mot « néanmoins » et vous montrer que je sais comment l’orthographier ….).

Bref, nous arrivons les premiers sur le bateau et nous choisissons nos places, à l’avant, pour bien profiter du paysage puisqu’il fait un temps magnifique. Nous sommes bien couverts, pourtant un homme d’équipage nous apporte chacun une grosse combinaison de ski … ça promet ! Elle se révèlera vite indispensable tant le vent est fort et la température basse sur l’eau. Sur le bateau voisin, un homme regarde la mer tout en mâchant de la morue qu’il arrache par petits bouts au poisson séché qu’il tient à la main. Nous partîmes du rorbu à quatre mais par un prompt renfort, c’est à vingt que nous nous retrouvons au port, mais là, je m’égare … et on va bientôt m’accuser de plagiat.

Vu du milieu du fjord, le paysage est encore plus grandiose, comme si cela était possible. Deux eiders se laissent observer au passage. Nous commençons par naviguer sur un large fjord entouré bien sûr de montagnes enneigées çà et là. Nous longeons une ferme d’élevage de saumons comme il y en a beaucoup dans cette région. Le bateau s’arrête le temps de pêcher deux lieux noirs. La technique est à chaque fois la même: le pêcheur laisse descendre sa ligne armée de deux énormes hameçons et de deux leurres en plastique rouge. Quand sa ligne ne se déroule plus, il remonte et décroche le poisson ! aussi simple qu’efficace… puis nous entrons dans un étroit passage.
Le trollfjord, long de 2 km, dépasse à peine les 80 m de large à certains endroits. Les montagnes plongent dans les eaux profondes par des à pics vertigineux. Une dizaine de guillemots à miroirs sont là pour nous accueillir.

Au retour, un des marins sort sur le pont et commence à jeter les morceaux de gâteaux secs par-dessus bord, attirant immédiatement un goéland, puis deux, puis trois. C’est bientôt toute une nuées d’oiseaux qui suivent le bateaux à la recherche de la manne providentielle. Certains attrapent même la nourriture au vol dans un balai qui semble bien huilé. L’homme continue à nourrir les oiseaux tout en scrutant le ciel … en réalité, ce ne sont pas les goélands qui l’intéressent mais il les attirent pour en faire des appâts pour un oiseau beaucoup plus gros et beaucoup plus rare : le pygargue à queue blanche.

D’ailleurs ses efforts sont vite récompensés car un de ces oiseaux de proie montre le bout de son gros bec jaune sur une falaise à quelque distance du bateau. Malheureusement, une corneille le surveille et, agacé, l’aigle décide de lâcher prise et s’en va sans se douter qu’il aura été le clou du spectacle de la matinée. Son apparition nous aura fait aussi oublier que malgré la combinaison, nous sommes transis !
     
     
Nous rentrons un peu plus tard que prévu. Il nous faut rendre la clé car le rorbu vient d’être nettoyé pour les personnes arrivant ce soir et nous ne pouvons plus y pénétrer. Nous reprenons donc la voiture et pique-niquons en route. Nous n’avons pas trop de km à faire et l’arrivée à Sortland se déroule en fin d’après-midi.

Le rite est maintenant au point : découverte du Hytter, installation et petite visite des environs. Quelle que soit l’heure, nous avons le temps puisque la nuit ne tombera pas avant quelques semaines.
Loin du Gulf Stream, le climat a changé, la végétation aussi. Nous découvrons un paysage de tourbières. Les arbres commencent à se raréfier et à devenir plus petits, plus tordus. Au sol, nous voyons des sphaignes. En cherchant un peu, nous trouvons même un droséra. Ses feuilles mesurent à peine 1 mm de long ! Nous marchons sur un sol à ressort, Mélanie apprécierait sans doute pour courir (par contre, elle apprécierait moins l’océan glacial arctique pour nager …). Le sol en dessous est gelé en permanence, nous sommes sur du permafrost.

     
     
Nous ne nous éternisons quand même pas dehors car demain devrait une longue journée avec notre sortie en mer à la découverte des cétacés.
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